L'opacité de la vie publique : quand les institutions abandonnent les politiques publiques

19/12/2021

La transparence de la vie publique impose aux institutions publiques de notre État de notifier à leurs agents les décisions prises contre eux, de publier le salaire réel de leurs employés (par échelon), de publier le nom de la personne dirigeant l'institution et un moyen de le contacter et de publier ou rendre accessible sur demande leur budget. Il est vrai que les trois premières obligations sont plutôt respectées ; mais, particulièrement lorsqu'il s'agit du budget, les informations sont plus difficiles à trouver. 

Toutefois, ces obligations ne permettent en rien de dessiner des politiques publiques efficaces, efficientes et économiques qui permettraient d'endiguer, par exemple, la circulation des stupéfiants en ciblant les substances les plus répandues. Jusqu'ici, le département du shérif a été la seule institution à publier des statistiques mensuelles qui dépassent le seul cadre du budget : cela a permis, notamment, de se rendre compte que la cocaïne était la substance la plus répandue, là où l'ecstasy est minoritaire.

Le département de police, le département d'incendie et de secours, la Cour supérieure (après avoir pourtant annoncé la création d'un bureau des statistiques) et le bureau du procureur ne publient ni statistiques, ni budget, et ce, dans l'indifférence générale. Comment voulez-vous que nous sachions quelle politique de sécurité mettre en place s'il nous est impossible de cibler les problèmes récurrents ? Comment déterminer quelle politique pénale sera la plus efficace sans savoir quelles infractions sont le plus souvent commises ? Comment savoir si les deniers publics sont utilisés de manière efficiente lorsque les budgets ne sont pas publiés ? En somme, comment avoir des institutions performantes sans, précisément, avoir des indicateurs de performance ? 

Il est certain que la désertion du politique (du Gouverneur comme de la municipalité) n'arrange pas la situation. Personne n'est là pour demander des comptes aux dirigeants des institutions municipales, de sorte qu'ils n'en rendent pas. 

Les États-Unis ont souffert de la logique keynésienne de moyens, c'est-à-dire de l'utilisation des deniers publics et de l'élaboration des politiques publiques sans chercher à avoir des résultats, mais plutôt en montrant qu'on est capable d'avoir le plus gros budget et les objectifs les plus extravagants. Je crains que notre État puisse en souffrir en poursuivant cette voie. Les dirigeants municipaux, comme le Procureur et le Juge en chef de la Cour supérieure, gagneraient à basculer dans une logique de résultat (qui n'est pas une logique du chiffre !) et à épouser les théories du new public management tant répandues dans notre pays et qui, de loin, ont démontré leur efficacité.


© 2021 Gary Buckley. Tous droits réservés.
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